Bulletin Officiel de la Propriété Industrielle (BOPI) des Indications Géographiques

BOPI 01IG/2023 DEMANDE D’ENREGISTREMENT D’INDICATIONS GEOGRAPHIQUES 16 d'Abidjan. Antériorité, histoire, usage du nom, notoriété L'attiéké est un mets spécifique aux peuples lagunaires (Ebrié, Adjoukrou, Alladjan, Ahizi et Avikam) au Sud de la Côte d'lvoire7. L'attiéké est né du savoir-faire ancestral de ces peuples depuis des temps immémoriaux. Aujourd'hui, il est devenu spéculatif puisque la plus grande partie de la production est destinée à la commercialisation. A la faveur des mouvements migratoires entre la Côte d'Ivoire et les pays de la Sous-Région dès le XIXème siècle, l'attiéké fut introduit dans les pays de la Sous-Région. A cette époque, l'approvisionne-ment se faisait par importation de la Côte d'Ivoire. Mais plus tard, avec l'essor économique de l'attiéké, une production locale fut initiée dans ces pays sans respecter le procédé de production. L'origine Côte d'Ivoire de l'attiéké ne fait aucun doute. La littérature est unanime sur cette vérité quelle que soit la nationalité des auteurs. La notoriété, la valeur (tout genre) et l'origine Côte d'Ivoire sont des qualités reconnues de l'attiéké. A ce titre, certains auteurs (préciser la source ?) affirment que l'attiéké est le « champagne » de la Côte d'Ivoire. Le vocable attiéké, selon les Avikam, vient de l'expression « atchèkè » qui veut dire « mis de côté» ou« mis à part». En effet, dans la tradition des Avikam, comme partout en Côte d'Ivoire, pendant les repas une part est mise de côté pour la consommation ultérieure ou pour un éventuel étranger. Dans les premières heures de la commercialisation de l'attiéké, les femmes Avikam indiquaient leur marchandise par l'expression atchèkè pour dire que c'est ce qui a été mis de côté qu'elles étaient en train de vendre. Plus tard cette expression a été transformée en Attiéké. Quant aux Ebrié, le vocable attiéké vient de l'expression « Adjè ekè » qui veut dire « c'est pour vendre». En somme, le vocable attiéké est né à la faveur de la commercialisation du produit. L'attiéké occupe une place de choix dans la culture et la société lagunaire. En effet, l'attiéké est une identité culturelle des peuples lagunaires. A ce titre, des mets spécifiques d'attiéké sont préparés lors des fêtes de génération de succession, de mariage traditionnel (dot), baptême (naissance) et des funérailles. Au niveau social, l'attiéké est une marque d'identité des lagunaires, une marque de cohésion sociale et un aliment de base des lagunaires. Produire l'attiéké est un espace de socialisation des jeunes filles lagunaires. Au niveau économique, l'attiéké est la principale source de revenu des femmes lagunaires et une source d’emploi. Critères de lien à l'origine Il a été révélé que les attiékés de Grand -Lahou et de Jacqueville qui semblent plus proches sont spécifiques par rapport à celui de Dabou, de même que l'attiéké Agbodjama d'Abidjan qui se particularise des trois premiers. Cette spécificité s'explique d'abord par le fait que la production d'attiéké à Grand - Lahou ou de Jacqueville se fait dans un environnement différent de celui de Dabou ou d'Abidjan. A Grand-Lahouet Jacqueville, les productrices bénéficient de la plage de !'Océan qui leur permet de vanner toute la semoule de manioc grâce à la quantité et la vitesse du vent. Ce qui leur garanti un attiéké sans fibres ou autres corps étrangers. Aussi, faire le vannage à la plage réduit le risque d'avoir de la poussière dans l'attiéké, car le vent de la plage est frais et exempt de poussière. En plus de ces facteurs environnementaux, il y a le savoir-faire des transformatrices de Grand-Lahou. En effet, au premier jour de production d'attiéké, les pratiques de transformation (le type de ferment, l'épluchage, le broyage, la fermentation) ne diffèrent pas selon l'origine de production de l'Attiéké des Lagunes (Grand-Lahou, Dabou, Jacqueville et Abidjan). Cependant, le deuxième jour, les pratiques à certaines étapes diffèrent les unes des autres selon l'origine de production. D'abord au niveau du grainage, les pratiques à Grand Lahouse font de façon «originelle», c'est-à-dire que toute l'opération de la formation des grains s'effectue avec la main en utilisant l'écuelle en bois. Cependant à Jacqueville, cette pratique traditionnelle n'est pas toujours suivie, et c'est le roulement des grains dans une cuvette posée sur les jambes ou « Tapé-tapé» qui est aussi pratiqué. La manière de faire de la pratique traditionnelle au moyen de l'écuelle en bois est d'ailleurs reconnue comme la plus ancienne par l'ensemble des productrices enquêtées dans la région des Grands-Ponts. Ainsi, à travers cette méthode les transformatrices de Grand-Lahou garantissent la dureté des grains et évitent l'éclatement de ceux-ci lors des futures manipulations. En effet, une fois les grains formés lors du grainage ou semoulage à l'écuelle en bois, ils demeurent en l'état jusqu'à la cuisson. Quant à la cuisson, elle s'effectue à GrandLahouen utilisant des couscoussières en argile de petite taille qui, selon les transformatrices, est un élément essentiel dans la qualité de l'attiéké, car cela permet à la semoule de cuire à la même température. En outre, elles remplissent la couscoussière de semoule de manioc, en une seule fois, avant la cuisson de l'attiéké et pendant la cuisson elles ne font aucune manipulation jusqu'à la fin de cuisson de l'attiéké, alors qu'à Dabou et Abidjan des manipulations de l'attiéké sont faites au cours de la cuisson. Pour finir les consommateurs se représentent l'attiéké de Grand-Lahou comme étant un type d'attiéké spécifique. Pour eux c'est un attiéké dont les grains sont bien formés, propres et qui se conserve longtemps. En somme, on peut dire que la qualité de l'attiéké est le résultat des facteurs environnementaux, des savoir-faire et des représentations que les consommateurs se font de ce produit. Par ailleurs, lorsqu'on parle d'attiéké, le nom le plus célèbre en Côte d'Ivoire est l'Agbodjama, qui est la source de réputation du peuple Ebrié à Abidjan. Contrairement aux attiékés de Dabou, de Jacqueville et de Grand-Lahou qui sont un mélange de tailles différentes de grain d'attiéké, l'identification de l'Agbodjama est sans grande ambiguïté, car repose sur une caractéristique plus facilement perceptible : la taille homogène des grains (gros grains). L'attiéké de Dabou est le plus usité des attiékés des Lagunes selon une enquête auprès de consommateurs du district d'Abidjan. Cet Attiéké a bénéficié de multiples promotions (chansons, anecdotes, émissions télévisées) au point de le positionner comme l'attiéké de référence chez la moitié de la population interviewée dans le district d'Abidjan. Par ailleurs, l'attiéké de Dabou est suivi de près par l'attiéké des peuples Ebriés ou Attiéké d'Abidjan à cause de la proximité des villages Ebriés

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