BOPI 01IG/2025 DEMANDE D’ENREGISTREMENT D’INDICATIONS GEOGRAPHIQUES 12 C'est grâce à une réaction chimique entre le sulfate de fer contenu dans l'argile et le jus de l'arbre à tanin que l'on obtient un contraste noir sur le tissu. Le tanin est un catalyseur qui permet de fixer le noir sur le support. La phase de rinçage du tissu décoré : Lorsque l'argile a bien séché, on passe aux opérations de décrottage et de lavage de l'étoffe. On lave directement le tissu dans beaucoup d'eau. Il convient de procéder à ces opérations avec précaution, afin de conserver la couleur des motifs. Afin de bien fixer la couleur des motifs lors du lavage, des détergents et des fixatifs d'origine végétale, sont utilisés comme suit : - les fibres des racines du njoro. En solution dans l'eau, ces fibres donnent après brassage une mousse qui sert à fixer le contraste noir et à lui donner du brillant lors de la phase de lavage du tissu ; - les feuilles et les fruits du ntomi ou tamarinier. Au moment du lavage, une petite quantité de ces feuilles en solution dans l'eau permet de fixer le noir et l'ocre jaune ; les feuilles ou l'écorce du Da. En solution à faible dose dans l'eau de lavage, elles fixent le noir, l'ocre jaune et le marron ; - le savon traditionnel, qui est un mélange de beurre de karité, vitellaria paradoxa. et de salpêtre provenant de la cendre de bois. On l'utilise pour décolorer partiellement le tissu décoré. - A la fin de cette phase, on obtient un tissu avec les contrastes noir/blanc bien visibles. Ce tissu s’appelle "bogolan-fini" ce qui signifie le résultat de la terre sur le tissu. Le lien entre le produit et son territoire Le lien entre le Bogolan et son aire géographique vient à la fois d'une réalité culturelle, d'une spécificité des signes qui traduisent des événements historiques, des leçons d'éducations (formation), louent les qualités du héros et ses faits de bravoure, le tout relayé par une réputation et une image de marque. Légende ou Histoire du Bogolan : Selon les récits oraux du patrimoine national du Mali, la technique de fabrication du bogolan a été obtenue comme suit : l'histoire du Bogolan a commencé par un chasseur. Il était allé à la chasse avec un vêlement teint au N'Galama ou Galama (arbre des savanes d'Afrique tropicale occidentale). Il tira sur un gibier qu'il fût obligé d’aller chercher dans une mare boueuse. Une fois chez lui, il donna son vêtement à laver à sa femme qui eut toutes les peines du monde à enlever les traces noires sur l'habit. Elle comprit que la teinture du tissu s'obtenait par une réaction chimique lors de l’application de la boue sur le support textile teint avec le N’galama. C’est alors qu'une nouvelle technique émergea : décorer le tissu jaune avec de la boue. La femme partagea sa trouvaille avec les siens. Après de multiples essais, les villageois réussirent à trouver comment tirer avantage de la réaction chimique produite par la combinaison de la teinture au N'Galama et de la boue argileuse. C'est ainsi que fut mise au point une nouvelle technique de teinture sur le tissu appelé Bogolan-fini (le tissu de boue). Aussi, une femme revêtue d'un pagne teint au N'Galama l'aurait malencontreusement tâché avec de la boue provenant de la mare. Lorsqu'elle tenta de le nettoyer, elle s'aperçut que la boue avait teint le tissu du vêtement, les tâches étaient devenues indélébiles. Le bogolan ou bogolan-fini est une technique ancestrale propre aux peuples du groupe Mandé, qui vivent au Mali ou dans les régions immédiatement avoisinantes. Comme l'un des plus originaux des tissus traditionnels, le bogolan-fini fut essentiellement valorisé au Mali où il est fabriqué et porté depuis des générations. Il est devenu un symbole de l'identité culturelle malienne. En tant que technique décorative, le bogolan a évolué sur le plan des styles en même temps que les peuples qui ont continué à la pratiquer. Les peuples qui fabriquent ou qui ont fabriqué le bogolan appartiennent tous au groupe Manding. Ce sont les Bamanan (Bambara), les Maninka (Malinké), les Shyena (Sénoufo), Minianka, les Bwa (Bobo) et les Dogons. Pratiqué par les femmes depuis une époque reculée, apanage des vieilles que l'âge n'autorisait plus à travailler la terre, cet artisanat de design sur tissu utilisant des teintures d'origine exclusivement minérale et végétale était jadis étroitement lié aux fonctions sacrées et à la division du travail dans des sociétés rurales. En raison de la nature éphémère des textiles et le manque de conservation, les exemples centenaires du bogolan n'existent plus, mais le bogolan-fini dans la collection datant des années 1920 et 1930 montre des dessins similaires à ceux actuellement utilisés. Un lien culturel et identitaire fort Le nom Bogolan-fini vient de deux (02) mots de la langue Bambara. C'est une langue propre au peuple Manding. Le terme Bogo veut dire « terre/argile ou boue», lan signifie «fait avec ou résultat obtenu par » et fini qui veut dire «tissu». Le Bogolan est le nom donné à la technique d'application et Bogolan-fini, est l'application de la technique du bogolan. Comme évoqué ci-dessus, héritiers de cette tradition, les peuples du Mandé (actuelle Mali) qui ont contribué à l'essor de la technique du bogolan ont développé des signes propres à eux qui ont évolué à travers les âges. Ces signes étaient liés au fonctionnement de la société. Les signes ou motifs choisis sont en effet lisibles comme la marque d'identité d'une population, d'un village, mais aussi d'un artiste en particulier, si bien qu'un artisan pourra à coup sûr reconnaître ses propres créations du bogolan avec les motifs traditionnels. Les utilisations traditionnelles du bogolan reflétaient des aspects importants de l'organisation sociale. Il était régulièrement porté par certains groupes d'individus, comme les chasseurs6, un groupe très respecté et puissant pour qui les tons de terre du bogolan servent de camouflage, de protection rituelle. ainsi qu'un emblème immédiatement reconnaissable de leur occupation. En portant le bogolan-fini, les gens faisaient publiquement des déclarations personnelles fortes sur qui ils sont, revendiquaient les actions et les connaissances associées aux différents contextes du bogolan fini. Le bogolan-fini était présent lors
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