C’est une nouvelle étape dans la mise en œuvre des politiques d’égalité et d’inclusion économiques en Afrique. L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) et le Fonds des Nations Unies pour la Population bureau Cameroun (UNFPA Cameroun) ont procédé le 5 août 2025 au siège de l’OAPI à Yaoundé, au lancement officiel du Projet d’autonomisation économique des femmes par l’innovation et l’accès à la propriété intellectuelle. Un projet pilote, ambitieux, né d’un protocole d’Accord signé le 14 février 2025 qui sera mis en œuvre au Cameroun et au Burkina Faso.
Ce projet stratégique vise à valoriser les savoir-faire locaux portés par les femmes, notamment dans le secteur de l’agrobusiness, en leur permettant de protéger leurs innovations, d’accéder aux financements, et de s’insérer durablement dans l’économie formelle par l’usage de la propriété intellectuelle.
Faire de l’innovation un levier d’émancipation féminine
Pour le directeur général de l’OAPI Denis Bohoussou, « ce projet s’adresse aux femmes rurales, aux étudiantes en ingénierie et aux actrices de l’agroalimentaire, afin de renforcer leurs capacités en matière d’innovation, de protection juridique et de valorisation économique de leurs savoir-faire. En fait, il ne suffit pas d’innover, il faut aussi protéger cette innovation. Et il ne suffit pas d’être actrice de terrain, il faut pouvoir devenir actrice de changement. Et c’est ce que nous faisons à travers ce projet ».
Dans le même sillage, le Représentant résident de l’UNFPA au Cameroun, Justin Koffi, a insisté sur l’opportunité concrète que représente ce projet pour relier les talents et les projets féminins aux financements adaptés : « Très souvent, ce qui a plombé l’entrepreneuriat en Afrique, c’est le fait que les projets se trouvent ici en Afrique, et les financements ailleurs. Désormais, les deux pourront être mis en relation sur place », explique M. Koffi.
Aussi, la Ministre Camerounaise de la Promotion de la femme et de la famille Marie-Thérèse Abena Ondoa, qui présidait la cérémonie, a salué « un pas significatif vers l’émancipation des jeunes filles », en soulignant que l’indépendance financière reste une clé essentielle de leur avenir : « Trop souvent, l’avenir de nos jeunes filles est compromis par la dépendance vis-à-vis de leurs conjoints. Grâce à cette initiative, elles pourront s’autonomiser, entreprendre et bâtir leur propre sécurité».
Une approche intégrée au service du potentiel féminin
Concrètement, le projet s’étendra sur 18 mois, avec un budget global estimé à 1,5 milliards de FCFA. Il ciblera à la fois : les étudiantes en ingénierie, les femmes rurales, les entrepreneures du secteur agrobusiness et les actrices de l’économie informelle, notamment les revendeuses.
Cette approche est pensée comme intégrée et inclusive. Elle vise le renforcement des capacités en gestion, l’accompagnement au dépôt de brevets, l’accès aux outils juridiques de protection, et la mise en place de projets à forte valeur ajoutée.
A terme, le projet entend corriger les déséquilibres actuels : au Cameroun, 62 % de la main-d’œuvre agricole est féminine, mais les femmes ne détiennent que 15 % des brevets enregistrés auprès de l’OAPI. Un paradoxe que ce programme vise à inverser durablement et dont les résultats obtenus permettront de baliser à d’autres pays de l’espace OAPI.













